jeudi 24 janvier 2008



Poema de amorosa raíz

Antes que el viento fuera mar volcado,
que la noche se unciera su vestido de luto
y que estrellas y luna fincaran sobre el cielo
la albura de sus cuerpos.

Antes que luz, que sombra y que montaña
miraran levantarse las almas de sus cúspides;
primero que algo fuera flotando bajo el aire;
tiempo antes que el principio.

Cuando aún no nacía la esperanza
ni vagaban los ángeles en su firme blancura;
cuando el agua no estaba ni en la ciencia de Dios;
antes, antes, muy antes.

Cuando aún no había flores en las sendas
porque las sendas no eran ni las flores estaban;
cuando azul no era el cielo ni rojas las hormigas,
ya éramos tú y yo.



Poème de l'origine amoureuse

Avant que le vent soit devenu mer renversée
que la nuit ait revêtu ses vêtements de deuil
et que les étoiles et la lune installent sur le ciel
la blancheur de leur corps.

Avant que la lumière, que l'ombre et que la montagne
regardent se lever les âmes de leurs sommets;
avant que quelque chose flotte dans l'air;
le temps avant le début.

Quand l'espérance n'était pas encore née
et que les anges n'erraient pas encore dans leur constante blancheur;
quand l'eau n'était pas encore dans la science de Dieu;
avant, avant, plus avant.

Quand il n'y avait pas de fleurs dans les sentiers
parce qu'il n'y avait pas de sentiers et que les fleurs n'existaient pas;
quand le ciel n'était pas bleu ni les fourmis rouges,
nous étions toi et moi.


Le Pérou est certainement l'un des pays d'Amérique latine qui a su le mieux conserver et même développer - dans des expressions artistiques d'une qualité parfois surprenante - son très riche patrimoine de traditions et de culture populaires, souvent hérité du lointain passé précolombien. En ce qui concerne le folklore et l'artisanat, les visiteurs du Pérou se retrouvent étonnés devant une telle symphonie de sons, de couleurs et de formes. Quatre domaines se distinguent particulièrement, chacun avec leurs styles propres suivant les différentes régions du Pérou, et toujours avec un égal bonheur : la musique, étroitement liée à la danse, l'orfèvrerie, la céramique et l'art du textile.


Musique et poésie
Ces deux arts - intimement liés - remontant à une tradition déjà millénaire, étaient abondamment pratiqués au temps des incas, non seulement à l'occasion des fêtes du calendrier, mais aussi à l'occasion des travaux collectifs et des récoltes.
Parmi les instruments de musique purement précolombiens, on relève les grelots (cascabeles en espagnol, ou shacchas en quechua) avec lesquels on donnait le rythme pendant les danses; ils étaient généralement placés sous les genoux des danseurs et étaient faits de métal, d'écorce ou de pépins de fruits. Dans la famille des instruments à air, on trouvait la trompe, la flute de pan ou antara, faite de tubes de roseaux de longueurs différentes, la flûte à encoche ou kena, en bois ou en os; ainsi que le fameux pututo, sorte de conque faite avec un gros escargot de mer. Les instruments à percussion étaient surtout des tambours, faits en cuir de lama et parfois, de peau humaine extraite du corps d'un ennemi vaincu. Les petits tambourins, ou tinyas , étaient surtout utilisés pour rythmer les travaux des champs.

Les mélodies indiennes, que l'on peut encore entendre dans toute leur pureté dans certaines régions des Andes, ne comportaient que des gammes pentatoniques, sans harmonisation ni modulation. Plus tard, avec le métissage espagnol, s'est ajouté au vieux mode à cinq tons des valeurs de l'échelle européenne - accords et cadences en majeur ou mineur. Un instrument aujourd'hui très répandu chez les indiens comme chez les métis, est le charango, sorte de mandoline à cinq cordes tendues sur la carapace d'un tatou. Il est postérieur à la Conquête, car les instruments à corde étaient inconnus dans le Pérou préhispanique.


La poésie Inca, en dépit du manque d'écriture, est restée vivace pendant des siècles et a été recompilée par les chroniqueurs. C'est une poésie épique et légendaire, dont les thèmes principaux sont fournis par la mythologie des origines incaïques, ou par les hauts faits des souverains. De la poésie quechua, a été conservé le fameux drame Ollanta, d'origine certainement préhispanique, mais qui fut probablement recopié et amendé à l'époque de la Colonie. Dans la veine sentimentale et mélancolique, un genre, le yaravi, subsite toujours aujourd'hui dans les Andes, de même que le huayno, d'inspiration plus joyeuse. L'un est l'autre sont toujours accompagnés de musique et de danses.

Danses indiennes contemporaines
La liste des 300 à 400 danses répertoriées aujourd'hui au Pérou et en Bolivie serait trop longue à faire ici. Parmi celles-ci, certaines remontent à la période préhispanique et se sont transformées ou adoptées pendant la période coloniale, ayant subi l'influence espagnole. Les danses guerrières, les danses de métier ou d'occupations champêtres étaient déjà signalées au XVIe s., sont venues s'y ajouter ensuite des danses mimées à caractère satyrique inspirées du vieux théâtre castillan, comme certaines danses pantomimes hérités des romans de chevalerie, des mystères religieux, des chansons de geste mettant en scène des combats entre maures et chrétiens, et où l'on voit parfois ressurgir des figures médiévales comme Roland et les douze pairs, Amadis de Gaule, etc.
D'autres ont directement subi l'influence de la religion catholique et font référence à des évènements survenus au temps de la colonie, comme la plus fameuse d'entre elles : la Diablada, avec ses fabuleux costumes et ses incroyables masques.

Pour les amateurs de musique et de danses andines, il existe au moins deux Mecque : Puno au Pérou et Oruro en Bolivie. La ville des bords du lac Titicaca connaît une animation extraordinaire lors de la Fête de la Virgen de la Candelaria, (en général du 2. au 5 février) et la cité minière de l'altiplano bolivien pour son Carnaval (vers le 10 février), l'un des plus fameux du monde. Quant aux collectionneurs de masques, c'est sur les marchés des villes et des villages de l'Altiplano qu'il leur faudra prospecter, ainsi qu'à Cuzco et Ayacucho.


Masques de démons utilisés dans la Diablada.
L'or et l'argent
Le Pérou d'aujourd'hui conserve et maintient sa réputation. Ce sont ses richesses en or et en argent qui le firent connaître du reste du monde et attièrent sur lui la convoitise des Espagnols. Il y perdit sa civilisation pour en gagner une autre, meilleure ou pire, on en discute encore. Par contre, l'habileté de ses artisans des métaux précieux est restée intacte : chaque petite bijouterie de coin de rue affole les touristes. On y trouve de petites merveilles, souvent conçues et fabriquées dans l'arrière boutique : colliers, boucles d'oreilles, bagues et bracelets inspirés des modèles anciens ou bien librement adaptés. Si le prix des bijoux en or (18 carats) reste un peu en deça des tarifs européens, l'argent reste une affaire car il est travaillé pur, alors qu'en Europe on le retrouve souvent allié avec du nickel.
Le prix de l'orfèvrerie est souvent en rapport avec le standing de la boutique : inutile de se ruiner à l'aéroport de Lima ou dans les boutiques des grnds hôtels pour un modèle que l'on pourra obtenir jusqu'à cinq fois moins cher en fouinant dans les rues de Cuzco ou d'Arequipa!

La céramique
L'un des grands arts du Pérou. On trouve dans les boutiques d'artisanant ou sur les marchés des reproductions de pièces Mochica ou Nazca - le plus souvent très bien faites - à des prix tout à fait modiques, bien que quelques escrocs tenteront parfois de vous les vendre comme étant des pièces autenthiques. Si par chance c'était le cas, il faut savoir que leur sortie du territoire national est interdite et même sévèrement réprimée.
Fort heureusement, les artisans potiers contemporains rivalisent de talent et d'ingéniosité : on s'émerveille devant les pots arrondis, peints de scènes aux couleurs vives de la céramique de Chulucanas (Nord du Pérou) moderne, élégante et très décorative. On peut préférer la céramique en argile rougeâtre de Quinua, près d'Ayacucho avec ses sujets d'inspiration regilieuse traités de façon naïve et très indigène : églises, retables, candélabres, crèches débordant d'une foule d'anges, de personnages et d'animaux, statuettes de paysans, de vagabonds et de mendiants dans le style "écorché vif". Remarquable également, mais plus rustique est la céramique Shipibo (bassin amazonien) avec ses vases antropomorphes à base très aplatie et couverte de curieux motifs géométriques aux lignes invariablement noires sur fond blanc.

les textiles
Là aussi, on a l'embarras du choix! Vous pourrez rapporter du Pérou des ponchos, des pull-overs, des gants, des bas, des bonnets à oreillettes (le fameux chullo) voire même des blousons et des chemises en laine d'alpaga - que l'on aura soin plus tard de laver à la main et à l'eau froide si l'on ne souhaite pas voir son beau pull à la taille XL devenu Small en sortant de la machine à laver !
Sur les mêmes marchés, vous trouverez des nappes striées de rayures et de motifs aux couleurs vives, des couvertures en laine et des tapisseries décoratives aux couleurs éclatantes représentant le plus souvent des paysages de la sierra ou des scènes villageoises. Ce genre de tapisserie était à l'origine une spécialité de San Pedro de Cajas, petit village la cordillière centrale, mais son succès a fait qu'on en trouve aujourd'hui partout.
Certains de ces articles sont faits main par les indiennes sur de vieux métiers à tisser, d'autres sont faits à la machine. Assez souvent, la laine d'alpaga est mélangée à du coton, mais la qualité reste remarquable. Les endroits les plus réputés pour ce genre d'emplettes sont les marchés de Cuzco, Puno et Juliaca dont les étalages débordent et où les indiennes se disputent le chaland. Il est de bon ton de marchander, mais tout en restant dans des limites décentes et correctes, en n'oubliant pas que l'artisanat et l'industrie du textile font vivre une bonne partie des familles indiennes de l'altiplano plus sûrement que la culture des maigres lopins de terre qui ne suffisent plus guère à les nourrir...

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