lundi 28 janvier 2008

Amis du Club des poêtes bonjour




Cordillère

« Chair pétrifiée de l’Amérique, / hallali de pierre éboulée, / rêve de pierre, notre rêve, / pierres du monde avec leurs pâtres ; / pierres qui se dressent d’un coup / afin de s’unir à leurs âmes ! / Dans la vallée close d’Elqui, / par pleine lune de fantôme, / nous doutons : sommes-nous des hommes / ou bien des rochers en extase !

Les temps reviennent, fleuve sourd, / et on les entend aborder / du Cuzco la meseta, marches / grimpant à l’autel de la grâce. / Sous la terre tu as sifflé / pour le peuple à la peau ambrée; / ton message, nous le dénouons / enveloppé de salamandre; / et dans tes brèches, par bouffées, / nous recueillons notre destin. »

Gabriela Mistral (1889-1957) - Prix Nobel 1945, « Cordillera », éditions Orphée/La Différence, 1989. Traduit de l’espagnol (Chili) par Claude Couffon.



Le saviez-vous?



De son vrai nom Lucila Godoy, Gabriela Mistral a choisi son pseudonyme par admiration pour l'auteur de Mireille ("Poème de Mistral, odeur de sillon frais/nouvellement tracé dans la matin/Je me suis enivrée à t'aspirer").
Elle fut professeur d'école, diplomate et poète, la première femme d'Amérique Latine à recevoir le prix Nobel de littérature en 1945 et la première femme chilienne à avoir représenté son pays devant l’Assemblée des Nations Unies.
Elle est quasi totalement inconnue en France alors même que c'est une des grandes célébrités de son pays, le Chili
Elle est née le 7 avril 1889 dans un petit bourg entre Cordillère des Andes et Pacifique, au nord du Chili. La beauté de ce lieu la marquera très profondément et imprègnera sa poésie. Elle devient professeur d'histoire, puis de langue et de littérature. En 1914, elle envoie trois sonnets à un concours, et c'est le début de son succès. A noter, un poste de professeur à Punta Arenas qui lui révèle un tout autre visage de son pays, là où "seuls les morts sont allés plus loin". Son amour de jeunesse se suicida (mais c'était semble-t-il un jeune homme assez insignifiant). Elle aurait eu un autre amour vers la trentaine mais dont son œuvre ne porte pas trace.
C'était une immense lectrice et une correspondante assidue. A partir de 1914, elle connaît un succès foudroyant. Elle fait ensuite un long séjour au Mexique, se rend aux États-Unis et revient au Chili en 1925. A partir de 1932, elle mène une carrière diplomatique et devient consul du Chili. Elle reçoit le prix Nobel en 1945 et meurt le 10 janvier 1957.

bibliographie sommaire en espagnol
Sonetos de la muerte, 1914,
Desolación, 1922,
Ternura, 1924,
Tala, 1938.
Poesías Completas, 1958

En français, un vide désolant ! On peut citer :
Poèmes, trad. de l'espagnol par Roger Caillois , postface de Roger Caillois.Édition bilingue, Gallimard, 1946
D'amour et de désolation, petite collection Orphée/La Différence, 1997
Poèmes choisis, Rombaldi, 1967

Sur Gabriela Mistral :
Mathilde Pomès, Gabriela Mistral, 1976, collection Poètes d'Aujourd'hui, Seghers, 1976
Volodia Teitelboim, Gabriela Mistral, publique et secrète, L'harmattan, 2003.

Une belle page (en espagnol)
Une autre en anglais sur le site du Prix Nobel
Une belle page (en anglais) avec une biblio en espagnol plus complète
Une biographie détaillée (en espagnol)
En français, une très belle page sur le site Terres de Femmes

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