lundi 21 janvier 2008

Amis du Club des poëtes, bonjour!!!



Hé oui ils sont lettrés nos mousquetaires

Quand Pablo Neruda découvre le Macchu Picchu, dans les années 1940, le poète chilien est tellement fasciné par la splendeur des vestiges de la civilisation inca, que les cultures de l'Antiquité lui semblent "en carton pâte" par rapport à cette nef de pierre. Dans le Chant général, ode à l'Amérique latine, le poète rend hommage aux Indiens qui ont bâti cette forteresse sacrée.
Alors j'ai grimpé à l'échelle de la terreParmi l'atroce enchevêtrement des forêts perduesJusqu'à toi, Macchu-Picchu.Haute cité de la paire scalaire,Demeure enfin de celui que la terreN'a point caché sous les tuniques endormies.Et toi, comme deux lignes parallèles,Le berceau de l'éclair et le berceau de l'hommeSe balançaient dans un vent plein d'épines.Mère de pierre, écume des condors.Haut récif de l'aurore humaine.Pelle abandonnée dans le premier sable.Ceci fut la demeure, il reste ici l'endroit :Ici les larges grains du maïs s'élevèrentAvant de redescendre comme un grêle rouge.Ici le fil doré sortit de la vigognePour vêtir les amours, les tumulus, les mères,Le roi, les prières, les combattants.Ici, pendant la nuit, les pieds de l'homme reposèrentPrès des pattes de l'aigle, dans les hauts repairesDes carnassiers et, à l'aurore,Ils foulèrent avec les pieds du tonnerre le brouillard raréfié,Et touchant les pierres et les terres, ils arrivèrentA les identifier dans la nuit ou la mort.Je regarde les vêtements, les mains,Le vestige de l'eau dans la faille sonore,La paroi adoucie par le contact de ce visageQui regarda avec mes yeux les lampes de la terreEt qui graissa avec mes mains les boisDisparus : parce que tout, les habits, la peau, la vaisselle,Les mots, le vin, le pain,S'effaça, rentra dans la terre.Et l'air passa avec ses doigtsDe fleur d'oranger sur les endormis :Mille années, des mois, des semaines d'air,De vent bleu, d'âpre cordillère,Qui furent comme de doux ouragans de pasLustrant la solitaire enceinte de la pierre

Aucun commentaire: